29 avril 2008

Vaut mieux un Ben Ali qu'un Ben Laden...


Nicolas Sarkozy s'adressant à son homologue tunisien:

"Je ne vois pas au nom de quoi je me permettrais, dans un pays où je suis venu en ami et qui me reçoit en ami, de m'ériger en donneur de leçons. Aujourd'hui, l'espace des libertés progresse [en Tunisie]. J'ai pleinement confiance dans votre volonté de vouloir continuer à élargir l'espace des libertés en Tunisie. Qui peut croire que si demain, après-demain, un régime du type taliban s'installait dans un de vos pays au Nord de l'Afrique, l'Europe et la France pourraient considérer qu'elles sont en sécurité ? J'appelle chacun à réfléchir à cela."

La sécurité: voilà la raison et l'enjeu du "soutien" et de "l'estime" de Sarkozy et de l'Union Européenne aux dirigeants nord africains. La pensée de Sarkozy peut se traduire ainsi : tout pays arabo-musulman est susceptible de se "talibaniser", indépendamment de son histoire, de son voisinage, de ses progrès, de son degré d'ouverture et des aspirations de son peuple. Et ce peuple, l'un des plus éduqués du monde arabo-musulman, lui a-t-on demandé son avis? Un peuple qui est réduit dans ces propos au statut de marionnette assistée...et incapable de décider de son propre sort!

Mise à jour: Je reprends une partie de l'éditorial du Monde d'aujourd'hui, en réaction aux déclarations de Sarkozy, et auquel biensûr j'adhère:

Le chef de l'Etat est ainsi parfaitement fondé à vouloir développer plus avant les relations avec la Tunisie. C'est de bonne politique et de bon voisinage, avec un partenaire méditerranéen que la France ne saurait ignorer. M. Sarkozy aurait dû s'en tenir là. Il a cru devoir aller plus loin, et il a eu tort.

Lors d'un dîner offert par le président Zine el-Abidine Ben Ali, le chef de l'Etat français a assuré : "Aujourd'hui, l'espace des libertés progresse (en Tunisie). Ce sont des signaux encourageants que je veux saluer." C'est une contre-vérité. Aucune ONG, aucun observateur sérieux, tunisien ou étranger, ne peut porter un tel jugement. Dans un pays où le président s'installe au pouvoir à vie, fait tabasser par des voyous, emprisonner, voire torturer, ses opposants et ne tolère qu'une presse à son service, "l'espace de liberté" régresse. Personne ne demandait à M. Sarkozy de se poser, comme il l'a dit, en "donneur de leçons". Le chef de l'Etat aurait pu choisir le silence, qui eût été une forme de décence. Avec ce satisfecit décerné au régime Ben Ali, il fait une bien mauvaise manière aux courageux démocrates tunisiens.

Pourquoi ? Probablement au nom de ce raisonnement : c'est Ben Ali ou les islamistes. Voilà qui ajouterait l'erreur d'analyse à la contre-vérité : l'islamisme se nourrit de la suppression de toute opposition, de toute vie démocratique ; il fleurit sur le terreau de l'autocratie, quand la mosquée devient le seul espace de contestation. A Tunis ou ailleurs.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Il a retenu la leçon de la réception accordée à kadafi et qui s'est transformé en échec suite aux interventions de certaines personnes dont rama .
Il est là pour vendre et c'est son principal souci, si c'est pas lui qui vends , ce sera un autre .

Il l'utilise l'image de l'épouvantail taliban ici chez nous, de la même manière qu'il l'a utilisé lors de sa parution à la télevision française pour répondre aux questions des journalistes sur la question de l'envoi de troupes supplémentaires en afghanistan. Il utilise des images et des clichés pour frapper l'epsrit des auditeurs et dans ce domaine là, il est plutôt assez fort . Tout ce qui l'intéresse c'est la signature de contrats pour l'industrie française . Une centrale thermique, c'est milliers d'heures de travail pour les ouvriers d'alsthom et ça qui compte pour lui .

عاشور الناجي a dit…

Malheureusement oui, tout pays musulman est susceptible de se talibniser

Notre Tunisie n'est pas une exception, pire, elle se talibanise de plus en plus, sauf que le régime en est aussi responsable

Sarko est ici pour vendre.

vendre "la France" est la responsabilité de chaque président Français qui se respecte, il n'y a que l'argent qui compte dans ce monde, et il n' a pas à donner des leçons aux Tunisiens où mêmes les parties soient disant démocratiques sont de plus en plus tolérants aux fanatiques nationalistes ou islamistes qu'ils appellent nos "frères" "pacifistes" d'ennahda comma chabbi and co ...

Anonyme a dit…

@Achour
T'exagere pas un peu comme par hazard. La Tunisie se Talibanise?! C'est tous ce que tu peux voir dans la societe Tunisienne. Alors on fait quoi, on ouvre le terrain aux Marxistes-communistes comme on l'a fait avant, pour contrer cette eventuelle Talibanisation ?! C'est ca ta demandes peut-etre ? puisque meme le gouvernement en place ne te contente pas. Il n'est pas suffisamment Marxiste peut etre. Arretons d'user de ces cliches et de ces descripitions grotesques et deplacees. Cela ne fera avancer ni le debat, ni l'ouverture dans notre pays.