09 avril 2008

Quel dialogue?



Les jeunes du bassin minier de Gafsa habitent l’une des régions les plus pauvres et les plus polluées de Tunisie, où le chômage frappe près d’une personne sur deux, les condamnant à la migration économique vers le nord. Ils habitent une région qui a été mise à l’écart de tous programmes de développement et d’investissements économiques en faveur des régions côtières et touristiques, à tel point que la Compagnie de Phosphate de Gafsa représente le seul employeur de la région. Ces jeunes, en découvrant le 5 Janvier 2008 que la corruption et le favoritisme ont remplacé la compétence en tant que critère d’employabilité lors du dernier concours de recrutement de la Compagnie de Phosphate de Gafsa, ont décidé de témoigner leur mécontentement. Quoi de plus légitime ?
Les manifestations pacifiques se sont alors multipliées ces trois derniers mois : des rassemblements populaires dans des places publiques ou devant des bâtiments officiels, installations de tentes permanentes dans les villes de Redeyef, Oumm Laarayes, Metlaoui et El-Mdhilla… Leur seul but était de se faire entendre.
Début Mars, l’espoir renait, quand les autorités se sont engagées à recruter 46 personnes parmi les familles de victimes d’accidents du travail et de maladies professionnelles qui étaient employées par la Compagnie des Phosphates de Gafsa, à confier quatre contrats de sous-traitance de la compagnie à des diplômés chômeurs, l’emploi d’un certain nombre de diplômés chômeurs dans l’administration publique. Puis il y a eu rupture des négociations et un retour aux bonnes vieilles méthodes répressives, qui ont atteint un pic de violence depuis le 6 Avril.
Voici donc un exemple concret de jeunes qui n’ont appelé qu’à une seule chose : à être écoutés et à dialoguer. Les a-t-on écouté ? Les a-t-on consulté ? Les a-t-on invité à dialoguer sur le net ?
Non, au contraire, on les a violenté, persécuté, arrêté, et on a étouffé leur parole.
Il n'y a que deux formes de dialogue qui prédominent en Tunisie : le dialogue de sourds, et celui de la force...

4 commentaires:

nasr a dit…

Bien vu..

Amira Yaakoubi a dit…

C'est fou; à chaque fois que je lis l'un de tes posts, je me rend compte de l'étendue de etta3tim el e3lami fi tounes;
à chaque fois j'ai l'impression de vivre à l'étranger...
Nous ne sommes absolument pas au courant de ce qui se passe dans notre propre pays!
ça fait mal au coeur!
pour ce qui est dialogue, je crois que ceci est devenu un truisme dans notre pays; on est incapable d'avoir un dialogue, le régionalisme dirige tout, pire que le racisme noir/blanc; cette segregation est frustrante et les exemples ne manquent pas!
Je me rassure en me disant que la Tunisie est finalement un petit pays avec peu de moyens, qu'on ne peut pas être sur tout les fronts, mais bon...

Selim a dit…

@Pink: C'est tout à fait vrai ce que tu dis, nous ne sommes pas du tout informés en Tunisie! Si, on l'est au fait, il n'y a qu'à ouvrir n'importe quel journal pour se rendre compte que "tout va bien dans le meilleur des mondes" en Tunisie...

Anonyme a dit…

C'est vraiment triste d'apprendre qu'il se passe des choses pareilles dans notre pays pendant que nous on parles football, voile, Islam, je ne sais pas quoi. Les habitants de la region de Gafsa sont toujours fidels a leurs habitudes et leurs principes. Des que la situation se complique, ils sont les premiers a bouger avec un courage et une determination hors pair dans le pays. Il y'a des videos sur youtube, sur ces emeutes et manifestations disponible sur le site cos-maux-polis.