12 avril 2009

Manipulation d'information



Aux nouvelles officielles aujourd'hui un nouveau classement international, l'indicateur de stabilité politique, où la Tunisie est bien classée : elle obtient la deuxième place au niveau africain et la cinquième à l’échelle arabe. Elle occupe le même rang que des pays européens, de même qu’elle devance d’autres pays parmi eux.

Selon la machine propagandiste, tout celà est grâce l’approche du Président Ben Ali (qui) a consolidé les bases de l’édifice démocratique pluraliste, la promotion des libertés et du système des droits de l’Homme, la société du dialogue et la participation de toutes les forces vives à la définition des grands choix.

Cette information telle qu'elle est présentée est manipulée et incomplète.

Manipulée parce que ce qu'on nous présente comme indicateur de "stabilité politique" est en réalité un indicateur "d'instabilité politique et de vulnérabilité à l'agitation politique et sociale", comme l'explique le rapport. C'est différent. Cet indicateur ne mesure pas l'édifice démocratique des pays comme on veut nous le faire croire. Les pays qui devancent la Tunisie dans le classement arabe et africain ne sont que des dictatures encore plus enracinées comme la Lybie, les Emirats Arabes Unis ou le Sultanat d'Oman...Tout ce que nous révèle ce classement, c'est le degré d'immobilisme politique en Tunisie...

Incomplète, car la même équipe de The Economist Intelligence Unit a aussi émis un véritable indicateur de la démocratie dans chaque pays, où comme on l'imagine bien, la Tunisie est la dernière de la classe. Classée par le rapport dans la catégorie des "régimes authoritaires", la Tunisie arrive à la 141ème place sur 167 pays, avec une note globale de 2.96/10, et un zéro pointé pour le critère "Processus électoral et pluralisme"...

Finalement, ces classements ne nous aprennent pas grand chose de nouveau : le régime tunisien est authoritaire et modéremment vulnérable à l'agitation sociale et politique...

10 avril 2009

Bienvenue au Club, Bout'ef


Avez-vous apprécié cet avant-goût amer des élections présidentielles qui nous attendent prochainement et que nous a offert l'Algérie voisine ces derniers jours?

Portraits géants d'un candidat unique et désigné d'avance affichés partout et dans toutes les villes, des dizaines de milliers de policiers déployés dans tout le pays renvoyant une atmosphère de guerre civile plutôt que celle d'élections présidentielles, des électeurs déserteurs et désintéressés, une opposition étouffée, des médias menteurs et surtout, de beaux chiffres soviétiques!

Pour les élections algériennes, nous avons eu droit à un taux de participation officiellement fabriqué de 75.91% et à un plébicite de 90.2%. Une performance qui demeure néanmoins "mesurée", en comparaison avec la dernière performance tunisienne version 2004 : 91.52 % de participation et 94.49% pour le président élu.

Les tunisiens, habitués à occuper les premiers rangs en Afrique et dans le monde arabe pour leurs performances économiques, n'entendent pas se laisser faire dans le domaine du "déni de démocratie". Nous affectionnons autant le chiffre 7 que le 90, quand il s'agit de voter.

Alors, et pour nous éviter de revivre le même triste spectacle, pourquoi ne pas proclamer dès maintenant la réélection de notre seul et unique président à...disons...un taux de participation de 90.77%, dont 97.77% de votes pour?

04 avril 2009

La benalisation de l'Algerie

Fayez Nureldine/AFP/Getty Images



"Saïd, 33 ans, restaurateur, ne sait pas encore s'il ira voter le 9 avril. S'il s'y décide, il optera pour Bouteflika. "C'est le moins pire de tous", selon lui. Il y a dix ans, il avait avec des discussions politiques avec ses amis. Plus maintenant. "J'ai enfin compris comment il faut s'y prendre pour vivre à peu près bien en Algérie, dit-il avec lassitude. Il ne faut s'intéresser à rien, et surtout, ne pas penser..."