25 mars 2009

Dubai : exode des étrangers


3000 voitures ont été abondonées à l'aéroport de Dubaï. Les expatriés, dont des anglais et des américains, s'enfuient et retournent à leurs pays respectifs en catastrophe car ils ne peuvent plus payer leur loyer. 

"If you're looking for a microcosm of the world financial crisis, then Dubai is it. The Alice-in-Wonderland atmosphere of crazed spending was more extreme than anywhere else and now the tourism-and-expatriate-dependent little kingdom is heading precipitously towards bankruptcy. Last month it was bailed out with a $20bn package by its oil-rich neighbour, Abu Dhabi, but, with $80bn worth of debts, it could still go bankrupt this year"

Avec une population résidente composée à 80% d'expatriés, la ville risque de se vider très vite. La population a déjà baissé de 8%. Avec la crise, ils ont perdu leurs jobs, et il y a une chute de 60% dans la valeur des maisons qu'ils occupaient. En plus, ils risquaient la prison pour insolvabilité...

Hier, ils sont venus attirés par le profit. Aujourd'hui, la faillite les fait fuire...Dubai, ses pistes de ski en plein désert, et ses fausses îles-palmier ne font plus rêver. Allons-nous vraiment importer un modèle déchû

20 mars 2009

La Tunisie indépendante?

Habib Bourguiba à Bizerte en 1952. Source WIKIPEDIA


Quelle est la date d'indépendance de la Tunisie? Est-ce le 20 Mars 1956? Ou bien le 7 Novembre 1987? 
On peut se poser la question car en lisant les éditoriaux et autres articles de la presse tunisienne d'aujourd'hui, on remarquera que la deuxième date est beaucoup plus citée que la première: 


A travers les différentes étapes qui ont jalonné l’histoire de la Tunisie, de la lutte pour la liberté et la souveraineté, à l’édification de l’Etat moderne, l’avènement du 7 novembre 1987 porte haut et fort les significations réelles et les symboles sacrés de l’indépendance que le Changement a non seulement protégés et consolidés mais aussi sauvés.


Ainsi, nos journalistes se permettent - et ce n'est pas la première fois - cette relecture mensongère de l'histoire du pays. Comment peut-on célebrer l'indépendance de la Tunisie sans mentionner, ne serait-ce qu'une seule fois, les noms de ceux qui ont véritablement lutté contre l'occupation française :  Sfar, Bach Hamba, Zaouche, Thaâlbi, Bourguiba etc. ? En lisant les journaux, on a l'impression que tout a commencé le 7 Novembre 1987: indépendance, modernité, et régime républicain. A croire que la Tunisie n'a pas existé avant cette date :


L’œuvre d’édification à la fois d’un Etat moderne et indépendant et d’un régime républicain a trouvé sa pleine expression depuis le Changement. En effet, le Président Zine El Abidine Ben Ali n’a cessé, au fil des ans, de conférer les fondements de l’indépendance et de l’invulnérabilité et les attributs de la modernité à toutes les réformes successives initiées.


Instrumentaliser l'histoire de notre pays pour servir la cause du changement est non seulement exaspérant, mais aussi innacceptable. C'est priver tout tunisien de ses véritables origines et de sa véritable identité. Mais que pouvons-nous attendre de journalistes qui n'ont jamais été indépendants dans leurs écrits? Comprennent-ils seulement le sens du mot indépendance? Je ne le pense pas...

Parlons maintenant d'indépendance et de liberté. Les tunisiens sont-ils plus libres en 2009 qu'ils ne l'étaient en 1956? Notre presse est baillonée, nos droits sont baffoués, notre justice est instrumentalisée, nos revendications sont ignorées et l'économie est contrôlée par une minorité de privilégiés proches du pouvoir...De quelle liberté jouissons-nous aujourd'hui, à part celle de consommer? Quelle est cette république dont la constitution est constamment remaniée au bénéfice de ceux qui nous gouvernent? 

La liberté a toujours un goût amer en Tunisie, 53 ans après l'indépendance du pays...

13 mars 2009

Religion populaire administrée


L'identification de la société tunisienne aux valeurs arabo-musulmanes s'est accrue ces dernières années. La situation de vide idéologique et l'absence d'alternatives démocratiques a fait que les tunisiens, en recherche de repères d'identification, se sont sentis de plus en plus impreignés de religiosité. L'Etat voit en cette montée en puissance de la religion un levier politique à saisir, et aussi un vide à combler. Un vide qu'il a crée en éliminant toute expression politique de la religion en Tunisie qui n'émane pas du régime lui-même.

L'Etat décide alors d'occuper le terrain et de "démocratiser" la religion...tout en l'encadrant strictement : on tolère le voile, mais on harcèle et arrête les voilées. On libère un chef de l'opposition islamique, et on le renvoie en prison quelques jours après...On remplit les mosquées, mais on choisit les imams...On libère les derniers Nahdhaouis de prison, mais on y envoie de nouveaux barbus...Aujourd'hui, la religion a investi tous les domaines : la culture par la radio, les affaires par la finance, et la rue par le voile. Tout celà avec un succès populaire avéré : la radio religieuse est aujourd'hui la plus écoutée dans la pays, on consomme Hallal, on s'habille Hallal, on réfléchit Hallal et on agit Hallal. En multipliant les référants religieux dans son discours et dans sa politique, l'Etat cherche à neutraliser toute contestation populaire et/ou politique qui pourrait provenir des mouvances religieuses. Sa stratégie : prendre les devants pour éviter de perdre le contrôle. Sa méthode : entretenir son image de régime arabo-musulman "authentique".

L'invitation officielle en Tunisie d'Al Quaradawi est la dernière opération de communication en matière de religion populaire administrée. Comme toujours, tout a été bien encadré : silence médiatique sur une visite furtive d'un "consultant" salafiste star des écrans arabes et auteur de 80 ouvrages, censurés en Tunisie...Cela a permi à un régime en manque de crédibilité de gagner en bonnes opinions chez un peuple reconnaissant de la reconnaissance que la Oumma, représentée par Dr Q, lui accorde...Et de récupérer pour son compte la popularité du religieux qui n'est plus à confirmer dans le monde arabo-musulman.

Aussi, dans un contexte où il est de plus en plus difficile de convaincre ses alliés occidentaux du bien-fondé des réformes pseudo-démocratiques qui auraient été engagées depuis plus de 20 ans, l'Etat fait-t-il un clin d'oeil aux alliés arabo-musulmans qui sont plus à même de le soutenir pour les proches échéances électorales?

09 mars 2009

Facebook & Services Secrets...


La presse gouvernementale a décidemment déclaré la guerre à Facebook. Sa technique : la diabolisation du site. On a déjà eu droit à certains articles dont le but était d’alerter les utilisateurs des « dangers » de Facebook. Aujourd’hui, ils en rajoutent une bonne couche en prétendant que le site serait nuisible à la sécurité et à la souveraineté nationale, justifiant au passage sa censure par certains gouvernements :



"Ces communautés sur le web seraient devenues les terrains de chasse de grands services secrets qui s’en servent pour essayer d’infiltrer certains pays, dits «chauds». C’est pourquoi des gouvernements n’ont pas hésité à interdire Facebook"



Voilà. Vous êtes prévenus maintenant, la CIA vous surveille…

05 mars 2009

Censure et libertés

Internet est aujourd'hui étroitement surveillé et contrôlé. L'information y est disponible et instantanée, donc non régulée, ce qui irrite les dictatures en place. Contrôler l'information, c'est contrôler l'opinion. Et la réponse des dictatures face à ce défi est double : d'un côté la censure des contenus indésirables et de l'autre l'utilisation du web pour manipuler l'opinion publique, par la propagande notamment. 

Les blogosphères sont les espaces les plus ciblés par le contrôle sur le net, à cause de leur relative liberté de ton. Blogs censurés, bloggueurs emprisonés, sites piratés ou qui disparaissent soudainement...et la panoplie est large. En même temps, ces mêmes qui censurent n'hésitent plus à investir le web pour contrer les voix dissidentes. En Iran, où une véritable guerre d'influence a lieu sur le net, on retrouve la technique du "blogging citoyen", qui doit certainement vous rappeler quelque chose...


 "The most recent chapter in these information wars is a decision by one of the units of the infamous Iranian Revolutionary Guards to launch 10,000 blogs to counter both secular and competing Shia voices. The result is a cacophony of warring religious factions. John Kelly, an expert in the Iranian blogosphere at Harvard's Berkman Center, has found that in the last year, the proportion of religious sites among the top 5,000 most-linked Iranian blogs has grown from 16 percent to 31 percent." 


Désormais, la censure sur internet est un indicateur direct des libertés et du degré d'ouverture dans un pays. Les plus grands censeurs sont les pays où il y a le moins de libertés. Avec l'amélioration progressive du taux de connection à internet, la censure devrait continuer à se renforcer si l'information dans le pays reste contrôlée. Les libertés ne se gagneront pas sur Internet tant que les internautes ne seront pas libres dans leur pays.