Le premier ministre tunisien a annoncé les nouveaux chiffres du chômage pour 2007 : il y aurait en Tunisie 500.000 chômeurs, ce qui correspond à un taux de chômage de 14.1%, en baisse par rapport au 14.3% de 2006.
En vérifiant ces chiffres sur le site de l’Institut National des Statistiques, deux détails attirent l’attention. D’abord, la définition du chômeur.
Selon l’Organisation Mondiale du Travail, les chômeurs sont les personnes âgées de 15 ans à 74 ans qui, selon la définition de l’Organisation internationale du travail (OIT): sont sans travail; sont disponibles pour commencer à travailler dans les deux semaines; et ont activement recherché un emploi pendant les quatre semaines précédentes.
Quant au taux de chômage, il correspond au nombre de chômeurs en pourcentage de la population active, celle-ci regroupant l’ensemble des personnes occupées et des chômeurs.
Selon l’Institut national de la statistique (INS), est considérée comme chômeur toute personne âgée de 15 ans et plus n’ayant pas travaillé au cours de la semaine de référence (celle où l’enquête a lieu), qui cherche un emploi et qui est disponible pour travailler au cours des deux semaines suivantes.
Jusque là, tout va bien, la définition tunisienne colle parfaitement aux standards internationaux. Mais une définition bien particulière de la notion d’actif occupé, vient changer la donne :
Selon l'INS, est considéré comme actif occupé toute personne âgée de 15 ans et plus ayant travaillé au moins un jour (ne fut-ce qu'une heure) au cours de la semaine de référence.
Ainsi, le jeune de 15 ans qui donne un coup de main dans l’épicerie de son père, tout comme l’étudiant de 18 ans qui travaille quelques heures la semaine pour garantir son argent de poche ne sont pas considérés comme chômeurs. Par contre, ils rentrent dans le compte de la population active…Etrange calcul…
L’autre petit détail concerne le périmètre de calcul. Jusqu’en 2004, le taux de chômage était calculé sur la base des 18-59 ans. A partir de 2005, cette base s’est élargie aux 15 ans et plus. Ce changement a dû certainement élargir la population active. Par contre, il n’est pas sûr que ça a fait augmenter le nombre de chômeurs, si l’on base le recensement des chômeurs sur la définition de l’actif occupé donnée ci-dessus…
Cette méthodologie de calcul du taux de chômage est-elle pertinente ? Et les chiffres sont-ils fiables et reflètent-ils la réalité du chômage en Tunisie ? On peut en douter, d’autant plus que le taux des chômeurs diplômés n’a cessé d’augmenter ces dernières années, sans avoir eu des conséquences notables sur le taux de chômage global, qui est resté stable autour des 14% ( A noter que, selon une récente étude de la banque mondiale, près de la moitié des chômeurs tunisiens sont des jeunes diplômés (42.5%)). On peut en douter aussi parce qu’en Tunisie, les indicateurs ne révèlent jamais des situations défavorables, et qu’ils ont toujours tendance à être au vert, même en temps de difficile conjoncture comme c’est le cas actuellement avec l’augmentation des prix alimentaires et de l’énergie et la baisse du pouvoir d’achat presque partout dans le monde. Pourtant, notre premier ministre se veut rassurant : Le pouvoir d'achat du citoyen s'est, également, amélioré grâce à l'évolution des salaires de 5% par an, alors que le taux d'inflation a été maintenu à 3 %, la classe moyenne s'est élargie, dépassant 80 % et le taux de pauvreté a été réduit.
C’est ça, le miracle tunisien…
1 commentaire:
Il faut savoir qu'en Tunisie, on est encore novice dans le milieu des statistiques!
donc on ne doit pas prendre ces chiffres en compte!
Attendons quelques années histoire d'acquerir l'expérience et l'honnêteté...
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