11 avril 2008

Les manifestations de Redeyef


Malgré le black-out instauré par les médias tunisiens sur les troubles qui ont eu lieu ces derniers jours dans la région de Gafsa, des vidéos et des témoignages commencent à circuler sur le net et à travers la blogosphère, rendant possible une évaluation de l’ampleur des protestations.

Aujourd’hui, nous savons que ces protestations, qui durent depuis plus de trois mois, ont été conduites essentiellement par des jeunes au chômage dont certains sont en possession de diplômes universitaires. Ils ont été épaulés par de courageux syndicalistes, que l’on croyait d’ailleurs et à tort en voie d’extinction depuis un certain temps…et par toute la population de la région. Le rôle des femmes en particulier a été déterminant, et notamment celles qu’on appelle les veuves, des femmes qui ont perdu leurs maris, anciens ouvriers dans la Compagnie de Phosphate, à la suite d’accidents du travail ou de maladie contractées à cause de leur environnement de travail. Elles ont manifesté sous les tentes et dans les rues, à côté des hommes!

Selon les témoignages des habitants, une vraie atmosphère de frayeur s’est installée dans la ville de Redeyef le 6 et le 7 Avril, suite au passage en force des forces de l’ordre. Les immigrés de Nantes originaires de la ville de Redeyef en Tunisie décrivent la situation d’après les témoignages de leurs proches :

Les forces de l’ordre, qui sont présents par milliers, n’ont pas hésité à déployer des pratiques de barbares contre des citoyens qui demandaient un droit fondamental qui est le droit du travail : des coups de feu ont été entendues, des bombes lacrymogènes ont été jetées par centaines, des chiens de police traînaient dans toutes les rues de la ville, des manifestants ont été violemment battus en plein monde et des descentes policières nocturnes et musclées ont eu lieu, violant l’immunité des domiciles, qui a poussé plusieurs jeunes à fuir et à passer la nuit dans les montagnes entourant la ville. Un climat de frayeur a été instauré dans toute la ville en procédant à des intrusions menaçantes dans tous les quartiers assurant le bouclage total de la ville et l’arrêt de toute circulation...

En Tunisie, les seules formes de contestations et de défi au pouvoir qu’on connaît viennent généralement d’élites et d’intellectuels souvent isolés, d’associations et d’organisations de lutte pour les droits souvent étrangères, ou de la presse étrangère toujours censurée. Les syndicats et les partis politiques nationaux, ainsi que la justice et la (vraie) presse, ces corps qui représentent dans tout système démocratique des contre-pouvoirs efficaces, sont complètement neutralisés et contrôlés. A tel point que le peuple est la seule force sociale capable aujourd’hui de contestation. Encore une fois, les habitants de Gafsa nous le prouvent...

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo pour ce remarquable travail.

Anonyme a dit…

Je me suis un peu renseignée sur le sujet;
Gafsa est connue pour le phosphate, d'ailleurs une faculté pour techniciens supérieurs en ce domaine a été créee à Gafsa,
les natifs préférent donc inscrire leurs enfants dans cette faculté, raisons économiques, bourses insuffisantes...
an plus c'est devenu une sorte de coutume; les natifs font ces études pour travailler dans les mines;
les responsables administratifs ont par ailleurs changé, ils ne sont plus des natifs de la région; et avec le régionalisme qui fait fureur en Tunisie, quand le grand chef est sfaxien, toutes les nouvelles recrues sont de Sfax, gabecien de Gabes... et ainsi de suite; d'autres plus honnêtes prônent l'idée que dans une telle intitution nationale, les travailleurs devraient être tunisiens tout court càd qu'ils veulent au final ouvrir la voie aux non natifs de Gafsa et au final ces derniers se trouvent chomeurs!
Ils ont donc le droit de protester;
c'est trés frustrant;
mais d'un autre coté, les autres tunisiens eux aussi chomeurs, ont le droit de bosser!
au final, il ne faut pas s'emporter, cette situation constitue un vrai dilemne,
faire que seuls les natifs de Gafsa travaillent aux mines n'est franchement pas équitable pour les autres, ceci dit, ils ont bien le droit de manifester leur insatisfaction;
En ce moment, un 'dialogue' pour les jeunes est instauré, on peut même y participer par sms;
de 'nouvelles idées pour la Tunisie'; je me plais à croire que ceci pourrait apporter un résultat quoique...
Notre histoire pése lourdement et fait que le tunisien n'est plus capable de 'gober' ce genre de choses, on est peu à peu devenu une société de takhdim mokh ou tkambis du coup on a perdu notre crédibilité...

Selim a dit…

@khanouff: Merci!

@Pink: le favoritisme, qu'il soit régional, familial ou autre, est inacceptable! Bien sûr que tous les tunisiens ont le droit de travailler à la compagnie de Phosphate, à condition que la sélection soit équitable et honnête.Je ne pense pas que les jeunes qui ont contesté le résultat des sélections l'aient fait par pur sentiment de régionalisme. Je pense que c'est un profond sentiment d'injustice qui les a motivé. Quant au dialogue, j'ai du mal à y croire, même si je veux bien attendre la fin du processus de consultation , et les décisions qui vont en découler, pour juger l'efficacité et de la crédibilité de l'initiative...

Anonyme a dit…

Je crois que ce probleme est plutot economique. La CPG (Companie de Phosphate de Gafsa) n'est plus debiteur. Les mines ne sont plus rentables. En plus des contraintes ecologiques, ce secteur des mines devient de moins en moins fructifiant, et la CPG ne peut plus tenir sans etre obliger de reduire son personnel. Je crois que pour cette region, il faudra plutot commencer a penser a des alternatives economiques autre que les mines. On peut plus trops compter sur la CPG, comme seule entreprise qui recrute ou presque.

Anonyme a dit…

c bien,c le courage des tunisiens, cla verité de toute la tunisie.ou est la liberté de presse??

Anonyme a dit…

Pour tordre le coup à certaines contre-vérités (et je pense au commentaire de Soufiène) : FAUX !!!

La CPG est la 2° entreprise en terme de bénéfices pour l'année fiscale 2007 (je n'ai plus le chiffre en tête) : le prix de la tonne de phosphate étant passé sur les cours mondiaux de 30 US$ à près de 350 US$ courant 2008. La contestation a commencé avec les résultats du concours d'admission des diplômés dans des postes de la CPG. Ce qui s'est passé était criard car les fils de foulèn et felten ont été admis laissant sur le carreau des centaines de diplômés frustrés. D'après le bouce-à-oreille, ce concours était biaisé et le ticket (inofficiel bien sur) était de 10 mille dinars tunisiens, ce qui est inaccessible pour tout tunisien honnête. D'où le début des contestations en Janvier 2008. Après, face à l'ignorance, la situation n'a fait qu'empirer jusqu'à la mort d'un jeune à le fleur de l'âge...

Anonyme a dit…

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