11 juin 2008

Redeyef: la suite?

Les tunisiens sont encore sonnés par les récentes émeutes qui ont eu lieu à Redeyef. Car de telles violences sont rares en Tunisie, pays « du consensus et de la stabilité sociale ». Tout le monde se demande aujourd’hui comment la situation a-t-elle dégénéré au point de causer la mort de deux jeunes manifestants, dont un tué par balle par la police anti-émeute. A ce sujet, deux thèses s’opposent aujourd’hui : la thèse officielle qui attribue ces drames au recours des manifestants à la violence et aux actes inciviques, comme la fabrication de cocktails Molotov. Et celle des habitants de la région concernée, de leurs défenseurs, et, je pense, de la majorité de la population tunisienne qui l’attribue plutôt à la lenteur des négociations avec les manifestants, et à la répression violente de la part des forces de l’ordre.

La frustration est d’autant plus vive, qu’un black-out total est toujours imposé par la presse tunisienne sur les tenants et aboutissants de la crise. Cette absence totale d’informations nourrit les inquiétudes, les questionnements, et la rumeur. Ce qui ne contribue en aucun cas à l’apaisement de la situation. Des vidéos d’une violence rare circulent déjà sur Internet. On y voit beaucoup de sang, des blessés se tordant de douleur, des agents de la police forçant les portes de maisons, des rues qui sont soit vides des habitants, soit le théâtre de combats entre manifestants et forces de l’ordre…

Les tunisiens, jamais autant avides d’information, se tournent de plus en plus vers Internet, à la recherche de quelques informations, images ou vidéo témoignant de ce qui se passe réellement dans cette région quadrillée et isolée. Les seules sources d’information disponibles aujourd’hui sont la presse internationale, les sites de militants de droits de l’homme, les sites de l’opposition tunisienne ou encore les blogs. Cependant, la censure sur le net rend difficile l’accès à ces sites.

Le ministre tunisien de la Justice et des Droits de l’homme, Bechir Tekkari, a déclaré qu’il « regrettait l’incident » pour commenter la mort du jeune manifestant Hafnaoui Maghdhaoui et a nié le fait qu’il y ait eu des actions illégales de la part de la Police. Mais comme le rappelle bien Amnesty International, les lois internationales garantissent le droit à la liberté d’expression et de manifestations :

While recognizing the right of the authorities to maintain public order, the policing of demonstrations should be conducted in accordance with international standards governing policing activities, including the UN Code of Conduct for Law Enforcement Officials. Law enforcement officials must minimize damage and injury, and do the utmost to respect and preserve human life.

La Tunisie vient de réitérer son engagement pour les droits de l’homme lors de la tenue de la session finale de Revue Périodique Universelle du Conseil des droits de l’homme. Un tel engagement devrait être mis en pratique par des investigations indépendantes sur la responsabilité de la Police anti-émeute et sur les circonstances de la mort de Hafnaoui Maghdhaoui. Il est fort probable que cela se traduise par une discréditation du pouvoir, et donc peu probable que ca soit accepté par des autorités qui n’acceptent pas la critique. Cependant, certains signes montrent que les autorités commencent à revoir leur copie, comme la promesse de dédommagements pour les commerces endommagés et les biens volés, ou la révocation du PDG de la Compagnie Nationale de Phosphate. Mais ce ne sont pour l’instant que de « petites mesures », qui ne peuvent régler tous les problèmes de la région. Considérant l’urgence de leur calendrier, les autorités devraient pourtant réaliser que le temps n’est plus au dialogue, comme elles le préconisent, mais plutôt à l’action urgente et réparatrice…

3 commentaires:

Anonyme a dit…

parait que enna9aba loue pendant deux heures en fin d'aprés midi vers 19h/20h, une chaine s'exprimant en langue italienne sur hot bird, je crois que le nom de cette chaine est "aquarius", ou quelque chose dans le genre;
je viens d'avoir l'info ya pas longtemps, c'est à vérifier;
Sinon, des personnes rapportent que plusieurs tunisiens sont actuellement accueillis chez les algériens dans des abris de fortune;
ceci dit rien n'est sur!

Anonyme a dit…

Ta présentation est légère , il faut insister sur le type de blessures des manifestants qui ont été canardés comme on chasse les lapins alors qu'ils étaient désarmés . Parmis les blessés, il y en a un qui à le genoux éclaté avec une broche en métal pour le tenir, l'autre à la cheville sectionnée elle ne tient que par les restes de peau et de muscle, un autre à le mollet traversé par une balle , un autre encore a été touché à l'abdomen etc . Ces jeunes sont peut-être estropiés à vie et a mon avis pour eux le problème du travail est définitivement réglé vu leur état et les années de consolidation nécessaire à leur rétablissement . Bref un vrai carnage .L'usage de la force est complètement disproportionné comme si on utilisait un marteau pilon pour écraser une mouche . Ca en dit long sur la capacité de nos force de sécurité qui s'illustrent merveilleusement quand il s'agit de réprimer des jeunes désoeuvrés . Mais je me demande comment qu'ils se seraient comporté face à des gens aguerris . Ils auraient certainement pris la poudre d'escampette . J'aime pas les lâches, j'en ai horreur . Il n'y avait pas besoin d'utiliser des armes à feu pour faire face à ces jeunes . C'est dégueulasse , dans d'autres pays, ils utilisent des balles en cahoutchouc . Il parait qu'au maroc même s'il y a eu un mort, ils ont utilisés des balles en cahoutchouc .
Mais je ne m'étonne pas de l'usage des armes à feu en tunisie puisqu'ils ont fait de même dans la répression de 90 et de 84 .
Chez nous, il faut fermer sa gueule sinon on reçoit des balles et on est traité d'élément perturbateur .

Ps: Comme l'on sait que les balles sont comptabilisées, il y a fort à parier que ceux qui ont comptabilisé les balles tirés à soliman ont été envoyé pour le même travail à rdeyef.

Selim a dit…

@Pink: Oui, il s'agit d'El Hiwar TV, une chaîne d'information tunisienne indépendante.

@Pas content: Si ma présentation est légère, tu l'auras complétée...A bientôt.