30 décembre 2008
Crimes de guerre
25 décembre 2008
20 décembre 2008
Propagande 2.0
« La propagande désigne l'ensemble des actions menées dans le cadre d'une stratégie de communication par un pouvoir politique ou militaire pour influencer la population dans sa perception des évènements, des personnes ou des enjeux de façon à l'endoctriner ou l'embrigader ». WIKIPEDIA.
Les deux dernières semaines ont été marquées par l’apparition subite d’un nouveau genre d’internautes sur le web tunisien. Ils ont envahi deux espaces particuliers : Facebook et la blogosphère, deux espaces reconnus pour leur liberté de ton et qui ont par conséquent déjà été censurés. Dans Facebook est apparu le groupe des « blogueurs patriotes », qui compte un certain nombre de blogueurs comme Naoufel Masri ou encore Manoubi AKROUT, ainsi que leurs amis. Par « patriotes », comprenez « pro-RCD », car en parcourant leurs textes, on se rend très vite compte qu’ils confondent « Patrie » et « Parti au pouvoir » : leurs écrits décrivent une Tunisie anesthésiée, ne souffrant d’aucun problème ni conflit et donc parfaite sur tous les plans...La Tunisie mauve.
Dans la blogosphère, on retrouve un des blogueurs cité ci-dessus, élu à 99,77% par les bloggeurs tunisiens comme meilleur spammeur de la semaine. Sa spécialité : le spam propagandiste. il est capable de diffuser 5 posts de plusieurs dizaines de lignes chacun, et ce en un temps record : environ 15 mn. Ceci était vérifiable il y a quelques jours sur son blog : seules deux ou trois minutes séparaient la diffusion des posts. Aujourd’hui, il a supprimé l’option d’affichage de l’heure de diffusion des posts, et fermé les commentaires aux lecteurs… La blogosphère a vite compris son jeu et l’a accusé à juste titre de spammer : comment pourrait-on poster aussi rapidement des textes aussi longs, avec parfois même de la bibliographie à l’appui, sans forcément avoir recours au Copier-coller ?
D’où viennent alors ces blogueurs pro du texte riche en superlatifs et autres essais « philosophiques » sur l’ère du Changement? La réponse est peut-être donnée par Mr. Masri lui-même : de l’Académie Politique du RCD, où il a été formé. Cette académie, crée en 1997, a pour but de former les meilleurs éléments du parti au militantisme politique. Au programme de chaque promotion 3 thèmes de recherches validés « par le président lui-même » et traités par 3 groupes de 10 académiciens. Ils sont accompagnés dans leurs recherches par des membres affirmés du parti, et ont même le privilège d’être reçus en conférence par le premier ministre ou autres membres du gouvernement. Ca, c’est pour la partie théorique de la formation. Dans la partie pratique, les apprentis sont plongés dans la vie du parti en faisant du terrain et en assistant à diverses réunions, colloques ou autres manifestations du parti.
Le site de la Chambre des Conseillers nous donne des détails intéressants sur cette formation, de telle sorte qu’on comprend mieux la mission de ses académiciens, et sa finalité. Plus précisément, la présence des blogueurs patriotes sur la toile a pour but de satisfaire à l’un des 3 grands enjeux directement liés à cette formation : garder le contrôle sur une société qui, avec l’amélioration du niveau de vie et du niveau d’éducation, devient de plus en plus dure à convaincre, surtout avec son ouverture sur le monde grâce aux nouvelles technologies de la communication qui peuvent transmettre en temps réel ce qui peut se passer à travers le pays :
الرهان الثالث هو أن
وهكذا يصبح المواطن صعب الإقناع خاصة في محيط عالمي مفتوح بتقنيات الاتصال الحديثة وسرعة نقل ما يجري في كافة أنحاء المعمورة.
Pour cela, l’action qui incombe aux patriotes est clairement définie, aussi bien sur le fond :
ثمّ يأتي دورنا في الردّ على 3 أصعدة
الردّ على حملات التشكيك الصادرة عن المناوئين والمشكّكين الذين يستعملون شتّى الوسائل ويستغلّون كلّ الظروف والمناسبات لبثّ إدّعاءات ومعلومات مغشوشة. وسائلنا في الردّ عديدة القلم، والاتصال المباشر والتحرّك على السّاحة في جميع المواضع،
الردّ على الإشاعات،
إيقاظ وازع الغيرة على مكاسب البلاد لدى المتفرّجين بأن نكون سباقين عليهم لجرّهم لصفّنا وتحريكم.
Que sur la forme :
شكلا : من المؤكد أنكم تمرّستم على تقنيات الخطاب السياسي الملائم، المبسط القادر على التأثير والإقناع، والمرتبط بواقع الساعة والمتأقلم مع طبيعة المرحلة ومقتضياتها
. فلا مجال لخطاب مطوّل مملّ، يسرد المكاسب بدون تحليل ولا مقارنات.
Vous remarquerez au passage que la consigne sur la forme du message à délivrer est loin d’être respectée par les patriotes puisqu’ils font exactement le contraire de ce qu’on attend d’eux : leurs discours sont longs, ennuyeux, et ils ne font que réciter les acquis sans aucun effort d’analyse et de nuance.
16 décembre 2008
Delocalisation
Il arrive que des entreprises françaises délocalisent leur production en Tunisie. Les tunisiens, eux, délocalisent leurs procès en France. Les premières recherchent par cette délocalisation un moindre coût de production et de main d’œuvre. Les deuxièmes recherchent de la justice, denrée rare et très chère dans leur pays. La délocalisation des entreprises françaises détruit de l’emploi en France, et en crée en Tunisie. La délocalisation des procès tunisiens créent de l’espoir en France, et de la frustration en Tunisie. Mais qui est gagnant dans l’histoire ?
La justice importée de France ne satisfait pas son besoin, puisqu’elle ne produit pas d’effet en Tunisie. L’emploi créé par les entreprises françaises en Tunisie est précaire, et son effet sur la réduction du chômage reste négligeable. Mais alors que l’image de la justice française gagne en brillance, celle de la tunisienne perd en crédibilité. Une chose est sûre : la Tunisie, « terre d’amitié et de sérénité » appartient désormais au passé. Bienvenue en Tunisie, la vraie…
15 décembre 2008
Une histoire de chaussures
C’est énorme ce qu’une paire de chaussures a pu provoquer comme réactions partout dans le monde. D’abord, du côté des américains qui ont trouvé l'explication de ce geste si étrange : le jet de chaussure, parait-il, serait une insulte sévère chez les « arabes », pour BBC NEWS. CNN avance que cela relève plutôt de la culture " musulmane". Cherchez la vérité…
Les arabes, quant à eux, ont crié victoire : ici, là, ou là-bas. Pour eux, il s’agissait « des chaussures de la liberté! », de la vérité et de la vengeance. Et le journaliste qui les a jetés n’est qu’un..Héros !…La ferveur est telle qu’un milliardaire arabe bien excité a finit par ouvrir les enchères : il offre 10 millions de dollars pour avoir les chaussures volantes anti-bush…le prix de la liberté!
Bush quant à lui, goûte enfin à la liberté qu’il a instaurée en Irak, en laissant au passage des centaines de milliers d’irakiens morts. Aujourd’hui, on est si libre en Irak qu’on peut jeter des chaussures à la gueule de n'importe qui, même s'il s'agit du président des Etats Unis ! C’est du moins ce que pensent les collègues de l’homme du jour : this doesn't represent the Iraqi people, but that's what happens in free societies where people try to draw attention to themselves.
Seul le grand public s’est bien régalé de cette histoire. Ce journaliste a fait exactement ce que beaucoup de gens, et parmi eux beaucoup d'arabes, auraient fait ou aimé faire s’ils étaient devant Bush : lui jeter leurs chaussures en criant « ya Kaleb », comme on fait, très couramment, pour chasser un chien errant et indésirable. The flying shoe speaks more for Arab public opinion than all the despots/puppets that Bush meets with during his travels in the Middle East. Source.
12 décembre 2008
Double peine
Comment réagir face à une telle bêtise ??? De quel droit peut-on affliger à des blogs de qualité comme les 3 que j’ai cités cette double peine, sachant que deux de ces blogs (Samsoum et Débat Tunisie) sont ou ont déjà été censurés par Aamar (ce qui prouve leur qualité d’ailleurs…), et que Arabicca peine à contrôler les ardeurs de ces commentateurs "anonymes"...
Ces Blogs Awards ne sont tout simplement pas représentatifs de la blogosphère tunisienne. Clairement, on a volontairement écarté tous les blogs qui dérangent et qui ont été censurés, ou ceux dont les auteurs osent aborder des sujets dits « sensibles ». C’est comme si c’était le gouvernement, ou un autre journal Boudourou qui avait organisé ces Awards. Ecarter les gens pour leurs opinions, ou pour les sujets abordés dans leurs blogs relève tout simplement de la censure ! Ecarter les « perturbateurs » et ne garder que les « bien-pensants », c’est une pratique traditionnelle et bien rodée qu’on retrouve partout et dans toutes les sphères en Tunisie : culturelle, sociale, politique et économique. On la retrouve désormais dans la blogosphère : c’est triste et rageant !
08 décembre 2008
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04 décembre 2008
Solidarite
Comme chaque année, les tunisiens se sont rendus en masse dans les bureaux de poste. Non pas pour réélire pour la 22eme fois consécutive le même président avec 99.7% de voix pour ; ca sera pour l’an prochain…Mais pour donner, dans la joie et la bonne humeur, de l’argent, beaucoup d’argent : 37 millions de dinars au total.
C’était la journée de la taxe de Solidarité, ou de la taxation solidaire… On l’appelle aussi « la journée du 26-26 », en référence au Fond de Solidarité Nationale. Ce fond est sensé alimenter des « zones d’ombres », étrange nom donné aux zones géographiques les plus pauvres en Tunisie, dont les délimitations ne sont jamais trop claire…Mais alors que la Tunisie affiche un taux de pauvreté en décroissance illimitée depuis 20 ans, les dons ne cessent d’augmenter chaque année. Cette année, 5.285.581 personnes, soit la moitié de la population tunisienne, ont fait des dons pour 376 000 personnes pauvres, soit 4% de la population… Malgré la crise, la baisse du pouvoir d’achat, le mouton de l’Aid à acheter et l’ennui que provoque toute histoire qui se répète chaque année depuis 20 ans, les tunisiens ont donné cette année 10 % plus d’argent que l’année précédente …Respect.
Mieux encore, une nouvelle forme d’auto-don s’est mise en place : ce sont les régions les plus touchées par la crise socio-économique qui ont fait le mieux : L’affluence des donateurs dans certaines régions prioritaires a été aussi remarquable, à l’instar des gouvernorats de Gafsa et de Tataouine où le nombre des donateurs s’est accru respectivement de 14,79% et 22,73%. Les dons collectés dans le gouvernorat de Jendouba ont évolué de 24,23%. Source.
Sans compter les 500 000 entreprises tunisiennes qui y adhèrent aussi, saisissant souvent l’opportunité pour négocier un contrat, une moindre fiscalité ou simplement de la « fluidité » administrative…Cela me rappelle aussi quand au lycée le proviseur faisait l’appel dans chaque classe pour ramasser 500 millimes par élève. Tout le monde y participe, d’une manière ou d’une autre...C’est le miracle de la solidarité tunisienne.