24 juillet 2011

Tunisie : voter, c'est révolutionnaire!


Le 23 Octobre prochain , les tunisiens sont appelés à élire une assemblée constituante, la deuxième de l'histoire du pays.

Voter, en Tunisie, est loin d'être dans nos habitudes. Sous Ben Ali, cela n'avait pas de sens ni d'intérêt, à part celui de participer aux masacarades organisées par le RCD et de donner une légitimité populaire à un régime illégitime et qui n'avait rien de démocratique. Avant, voter voulait dire : je suis d'accord avec la corruption, la répression et le pillage du pays. On comprenait alors le désintérêt manifeste d'une majorité de tunisiens pour ce genre de rendez-vous.

Le vote du 23 Octobre prochain sera différent : aller voter représentera pour chaque tunisien un acte extra-ordinaire, un vrai acte révolutionnaire, aussi révolutionnaire que d'avoir été devant le ministère de la torture pour crier "dégage". Voter pour élire une assemblée constituante, c'est se donner les moyens de rompre radicalement avec l'ancien système, qui est la cause du malheur subi par beaucoup de gens parmi nous. Voter, c'est aussi participer, individuellement et collectivement, à reconstruire les institutions du pays et contribuer à sortir de cette phase d'instabillité et d'absence de gouvernance. Voter, c'est décider pour soi, et s'émanciper de toute forme de tutelle étatique, partisanne ou coporatiste.

Avec toutes ces bonnes raisons, et plein d'autres, pour s'inscrire et aller voter en Octobre, je reste pantois devant l'appel de cetains à boycotter l'inscription et le vote. Qui et que boycottent-ils au fait? Et pour quelles raisons?

J'avoue que j'ai du mal à comprendre les arguments des opposants aux vote, dans la mesure ou le boycott signifie le refus du changement (le vrai, pas celui du RCD). Qui n'a pas intérêt aujourd'hui de voir la Tunisie changer pour de bon? Que le changement soit bénéfique, ou son contraire, il est encore trop tôt pour poser la question. On boycotte quand on n'est pas satisfait d'un évènement qui s'est déroulé et auquel on a participé. Or, c'est le 23 Octobre seulement qu'auront lieu les premières éléctions libres de l'histoire de la Tunisie. Comment peut-on boycotter l'histoire de notre pays? Votons d'abord, et opposons-nous après si on a de bonnes raisons.

Certes, tout ne se déroule pas parfaitement. Loin de là : on accuse du retard, on organise maladroitement et on informe peu sur les enjeux de cette étape. Mais est-ce surprenant que ca se passe ainsi pour une première fois? Les premiers pas sont toujours des pas maladroits. Mais on apprend à marcher en s'exerçant jusqu'à trouver l'équilibre. On peut en dire autant pour les élections en cours d'organisation.

Refuser de s'inscrire et de voter, c'est donner au monde entier un message contraire de celui qu'on a délivré en début d'année, et qui nous vaut toute l'attention, et parfois l'admiration de l'opinion mondiale. C'est aussi ignorer les aspirations de toutes ces sociétés opprimées et qui sont actuellement en lutte pour nous avoir suivi dans le chemin qu'on a choisi...

Crédit Photo : Reuters/Finbarr O'Reilly


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