La mort du dictateur Bongo après 41 ans au pouvoir vient poser l’épineux problème de la succession. Un problème récurant dans tous les pays où le pouvoir est hyper personnalisé et centralisé en une seule personne, le président lui-même. Bongo était l’un de ces dirigeants qui n’apprécient guère le partage. Il était le seul à décider de toutes les affaires du pays, jusqu’aux moindres petits détails insignifiants. Avec de tels modes de gouvernance, le système décisionnaire ne peut fonctionner sans la clé de voûte présidentielle. En son absence, tout le système risque de s’écrouler, comme un château de cartes auquel on aurait retiré son principal pilier. Il est donc normal qu’après disparition du chef suprême, le pays entre dans une période de troubles et d’incertitudes rythmée par les guerres de clans et les tentatives de prise du pouvoir par la force.
Beaucoup de dictateurs ont bien compris la fragilité de leurs systèmes, et ont commencé à travailler sur la question de leur succession bien avant leur disparition. Pour cela, ils ont pour la plupart privilégié une démarche dynastique. A l’instar des présidents syrien, libyen, égyptien ou nord-coréen, qui ont respectivement désigné un fils pour hériter du pays qu’ils dirigent, et qui préparent déjà leurs opinions publiques et l’opinion internationale à accepter un tel fait.
Mais quand la succession verticale n’est pas possible pour absence de rejeton en âge d’exercer, c’est la voix horizontale qui semble être privilégiée par les dictateurs, sans pour autant sortir du cercle familial. C’est la tendance qui ne cesse de se confirmer chez nos voisins algériens, où le président Bouteflika, fraichement réélu, a déjà commencé à ouvrir la voix à son frère Said, qui prépare la création de son nouveau parti politique, étape préalable à la prise du pouvoir. En Tunisie, une succession « en transversale » est plausible, par l’intermédiaire du gendre du président. Celui-ci fait l’objet de toutes les spéculations, depuis sa montée en puissance fulgurante sur les plans économique, politique et médiatique, et ce en l’espace de quelques années seulement…
Et les peuples dans tout cela? Laisseront-ils tomber aussi facilement le modèle républicain pour une forme de pouvoir qui se rapproche de celui d’une monarchie constitutionnelle ?
Les scènes politiques dans ces pays sont dans un état lamentable, elles n’offrent aucune vraie alternative ou changement, ni même la possibilité de faire un choix différent au sein des partis politiques surpuissants des présidents en place. Par manque de culture politique ou par intérêt, beaucoup auront tendance à se ranger derrière « l’homme puissant du moment », à défaut de pouvoir faire un choix par conviction et sur la base d’un programme politique bien défini auquel ils peuvent adhérer.
Il n’y a qu’une solution pour échapper à de tels scénarios de succession : une prise de conscience collective qui émanerait d’un réel désir de changement !
4 commentaires:
Pour Omar Bango c'est toujours le système que tu qualifies de vertical qui marche, son fils etant ministre de la défense et sa fille Pascaline (probablement la future présidente) tient les finances
Oui, sauf que la monarchie constit. est une autre chose, ce dont vous parlez (succession entre membres de la famille du "président") est une autre forme de gouvern. forme non classée, non identif. et surtout batarde
@medchekib: Merci des précisions!
@Ferrrr: On est bien d'accord, ce dont je parle "se rapproche" de la monarchie constit, dans la forme. Dans le fond, c'est bien une forme de gouvernance "batarde" comme tu dis...
Great blog I enjoyed reading
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