12 octobre 2008

L'integration en France


Cette semaine, j’ai eu ma demi-journée d’intégration en France. Depuis 2007, la politique de l'’immigration française a instauré cette nouvelle mesure afin d’intégrer les étrangers en situation régulière « dès le début » de leur arrivée en France, et d’empêcher ainsi leur « non intégration » à la société française et tous les problèmes sociaux et économiques qui peuvent en être induits : chômage des immigrés, ghettoïsation des cités, etc…Une sorte d’intégration en Amont…

Sauf qu’un petit détail a dû échapper aux services de l’Agence Nationale de l’Accueil des Etrangers et des Migrations : je suis résident en France depuis 2004, j’ai été diplômé d’une université française et j’ai travaillé dans une banque française avant de travailler aujourd'hui pour une autre entreprise française... Autant dire mon intégration est bien entamnée depuis 4 ans... Mais pour renouveler mon titre de séjour cette année, il m’a été « fortement recommandé » d’assister à cette demi-journée de post-intégration. Le caractère obligatoire de cette « formation » n’est pas explicitement mentionné, mais je me suis vite rendu compte en m’informant que mon absence pèserait sur les futures décisions du préfet de me délivrer -ou pas- mon titre de séjour. Il me fallait donc prouver mon assiduité.

Je me présente donc Jeudi dernier à 13h00 à l’adresse indiquée. Après avoir attendu une demi-heure dehors avec un groupe d’autres étrangers conviés comme moi  à cette demi-journée d’intégration, les portes du centre se sont ouvertes et, après les contrôles d’identité habituels, me voilà placé dans une salle avec une trentaine d’autres étrangers. Une femme entre, nous souhaite la bienvenue et commence par nous expliquer le déroulement de cette demi-journée. En gros, j’étais là pour « m’informer sur la vie en France » et signer « mon contrat d’accueil et d’intégration ».

La demi-journée débute par le visionnage d’un film de 20 mn sur la vie en France. Tout y était : Marianne et son buste, la tour Eiffel et ses lumières, des images de pompiers entrain de secourir des riverains qui ont perdu leur maison suite à des inondations pour illustrer la solidarité à la française, des images de la coupe du monde 1998 remportée par la France (présentée comme symbole de la France ?), etc. On nous a rappelé les valeurs de la République : droits de l’homme, laïcité, égalité hommes-femmes, interdiction du port de signes religieux ostentatoires, le devoir de payer ses impôts, etc… Et la voix-off qui insistait : « en France, les femmes n’ont pas besoin de l’autorisation du père, ni celle du mari ou du frère pour travailler » avec comme image de fond une femme qui conduit une voiture…Le film se termine par une information importante : les secteurs du bâtiment et de restauration sont particulièrement en recherche de travailleurs…

Après ce film très informatif, j’ai attendu 2h pour être reçu par « une auditrice sociale ». Pendant ces deux heures d’attente, le défilé des auditeurs sociaux n’a pas cessé. Chaque 15 mn, l’un d’entre eux se présentait en appelant un étranger par son nom et en lui demandant de le suivre. Les auditeurs eux-mêmes étaient manifestement issus de l’immigration et parlaient avec un fort accent : il y a avait des latinaux, une chinoise (qui n’auditait que les étrangers chinois qui étaient présents), etc. J’ai personnellement été reçu par une auditrice qui devait venir d’Europe de l’Est. Elle a vérifié les informations qui s’affichaient sur son écran, a complété mon dossier en saisissant de nouvelles informations qui n’y figuraient pas (mon statut, mon travail actuel, etc…). Puis elle m’a remis mes diplômes ! 

Eh oui, j’ai été deux fois diplômé cet après-midi : j’ai reçu « une attestation d’information sur la vie en France » qui prouvait que j’ai bien bénéficié de la formation sur la vie en France, ainsi qu’une « attestation ministérielle de dispense de formation linguistique », mon niveau de français ayant été jugé « satisfaisant ». J’ai signé mon « contrat de bienvenue en France », précieux sésame à montrer au préfet dans 12 mois, pour lui prouver ma bonne volonté quand je demanderai mon renouvellement de titre de séjour…Mais j’en ai pas terminé avec la paperasserie : il me reste un troisième diplôme à avoir en poche pour être complètement « intégrable » en France : mon diplôme de formation civique ! Je suis obligé de me présenter prochainement à une journée de formation civique sur l’organisation et le fonctionnement de l’Etat et de ses institutions, et sur les principes fondamentaux de la république française, notamment la Liberté, l’Egalité, la Laïcité et la Solidarité. Le repas nous sera gentiment offert, nous a-t-on précisé…

Tout cela n’est pas inutile : parmi les étrangers présents à cette demi-journée, certains comprenaient / parlaient mal le français. L’Etat français s’engage à leur offrir une formation linguistique adaptée à leur niveau. Mais je doute sérieusement de l’utilité et de l’efficacité de l’information sur la vie en France, du moins telle qu'elle est fournie. A mon avis, l’intégration à la société française passera naturellement et mieux par le travail et par l'octroi d'un vrai statut social. Comment résoudre les problèmes complexes de l’intégration des immigrés en France, juste en leur montrant un film sur la vie en France ? Et les jeunes « voyous » de banlieue, qui ont cramé tant de voitures en 2005, auraient-ils été mieux assimilés à la société française s’ils disposaient du « livret d’accueil Vivre en France » qui m’a été remis à l’issue de cette demi-journée ? L’intégration ne passe-t-elle pas plutôt par l'application de la non discrimination et de l’égalité des chances ? Ce qui est sûr, c’est qu’il faut vraiment être motivé pour supporter la lourdeur du processus…Et dans ce sens, l'immigration en France est bien devenue "choisie"...

05 octobre 2008

ET SI ON JOUAIT - EPISODE VII

Je prends le relais de Renzo dans le jeu lancé par Mariouma.


Mariouma

Ils se regardent, indécis. La tension monte. Il se passe la main dans les cheveux nerveusement. Elle sent qu’il commence à paniquer. -calme-toi, cela ne va pas se passer comme ça, dit-elle d’une voix glaciale. -et s’il parle, que va-t-on faire ? si……si… répondit-il en triturant son paquet de cigarettes. -il ne parlera pas, il n’en aura pas l’occasion, on le fera taire avant ! et une fois pour toutes. Il la regarde, interloqué, se diriger vers le sofa, s'assoir et s'en allumer une calmement, le regard brillant de rage froide.

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Loup des steppes

Il prend son paquet de cigarettes et il se rend compte qu'il est  vide. Il cherche dans ses poches, il trouve une cigarette égarée. Il l'allume avec son  Zippo, l'unique héritage qu'il a reçu de son oncle, avant d'être terrassé d'un cancer du poumon. Il n'a jamais eu de parents, ni de famille, sa seule famille était cet oncle, qu'il aimait bien. A chaque fois, qu'il utilise ce briquet des flashbacks viennent le harceler et le submerger de souvenirs, de pensées...Mais cette fois, pour la première fois il n'a rien vu de ça, il n'a vu que le feu consumer ce bout de cigarette humide et il a même entendu le bruit du craquement de la feuille sous l'effet du feu. On dirait que d'un coup la rage a amplifié tout ses sens! Plus animal que jamais, il l'a regarde d'un œil et l'invite d'un mouvement de tête à venir à ses côtés. Il la fixe longuement, met sa main derrière sa tête, avec une douceur et tant de force à la fois comme s'il l'étranglait, elle aimait ça...Ils se sont embrassés,  à un moment ils ont tout oublié...Puis il s'est levé, s'est dirigé vers ce corps qui git parterre, lui donne un dernier coup de pied à la tête et commence à tout mettre en feu...

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As N°1

Elle,  stupéfaite, regarde la scène. Elle ne sait plus comment réagir, se taire ? Crier ? S'échapper ? Elle ne comprend rien à ce qui se passe. Elle panique, alors qu'elle veut bien lui demander pourquoi il fait ça... ça ne fait qu'aggraver la situation et compliquer les choses. Il la prend d'un coup de main et la tire en courant vers l'extérieur. Laissant la maison en feu et le cadavre brûler. L'endroit puait les cendres. Elle sait depuis toujours que cet homme a une attitude bizarre, des comportements toujours inattendus, il est imprévisible... Elle a déjà vu la mort à plusieurs reprises. A chaque malentendu qui se passe entre eux, c'est le désastre. Elle ne pourra jamais oublier la fois où il l'a emprisonnée 4 jours sans nourriture dans une cave sombre et humide... Mais elle ne pouvait pas se passer de lui ni de ses délires. Lui non plus d'ailleurs, elle est son unique confidente, sa présence le rassure plus que tout... Ils courent tous les deux vers l'extérieur. Il fait noir, ils ne se doutent de rien. Personne ne pourra les remarquer à une heure aussi tardive, mais surtout à un endroit coupé du monde. Ils sont montés dans la voiture. En s'éloignant de la maison, un contrôle policier arrête la voiture pour un contrôle papier...

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Pink

 Les feux naissaient de partout, les flammes avalaient, l’avalaient... Assis à côté d’elle il sentit un grand besoin de vide, une envie de succomber à la mort… Il se rappela soudain cette dame au visage craquelé, à l’âme esseulée : sa mère ; celle qui est morte dans les plus grandes souffrances dans l’indifférence des vastes allées d’un hôpital, il ne l’avait pas visitée, de peur de sentir, de peur d’être touché par cette fin qu’il détestait et respectait en même temps.  

Il  la regarde souriante et son sourire prend soudain cet air maléfique, son visage noircissant au fur et à mesure que les flammes brillent... Une impulsion de mort le transperce... Et s’il la tuait ? Comment s’y prendre ? Un poison ? On dit que mourir empoisonné est atroce. il sent cette souffrance couler au creux de son corps et ça lui procure une sensation de plénitude... Il l’a fait avant ce rêve, là ou il marche sur une fine passerelle qui craquelle et où il regarde le gouffre en bas pour s’emplir de ce vertige, c’est alors qu’il se rappelle qu’il a toujours aimé les sensations fortes.  Il lève sa tête, la regarde ; elle sourit encore et le mouvement des flammes se projette sur ses dents blanches, des dents de loup, fortes et tranchantes, tout comme son vieux couteaux suisse, offert par son premier amour à la saint Valentin, drôle de cadeau ! 

« Vos papiers s’il vous plait ! » Elle tremble.  « Les papiers de la dame ! » « Je vais vous demander de descendre de la voiture ! » Le policier fait un signe de la main et des lumières approchent… Il pense qu’il devrait appuyer sur l’accélérateur, un démarrage à l’américaine ; digne des plus grands films… Deux policiers approchent de plus en plus. « Mr le policier, s’écrie-t-elle soudain, à l’aide ! Il m’a kidnappée !!! » Il la regarde, un sourire au coin de la bouche, Il s’y attendait ; Il appuie alors sur l’accélérateur : « ils ratent vraiment quelque chose ces réalisateurs hollywoodiens ! Ha ha ha ! » La voiture est loin, les rires et les cris s’entremêlent et résonnent fort au creux de la nuit… Elle demande   "On est suivis ?"

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MAD

- « Je m’en occupe. Très drôle le coup du kidnapping ! »

Leurs regards se croisent, déterminés, les rires fusent à nouveau, saccadés, forts, forcés, empreints d’un mélange sournois de jouissance, de puissance et de peur savoureuse et inavouée, le cocktail idéal de l’excitation. Sami accélère, sûr de lui, il connaît le coin par cœur, il va les conduire à l’erreur fatale. Il y a ce virage à peine à quelques kilomètres de là, ce n’est plus qu’une question de minutes. Il est le maître du jeu. Hollywood, tu parles, que du carton pâte !

Il s’est maintenant arrêté  de rire, concentré sur la route qui se déroule devant lui avec une étonnante facilité, comme si elle se donnait, complice. Ses sourcils froncés, ce petit mouvement nerveux au coin de la lèvre, son menton qui de temps à autre se crispe, laissent deviner qu’il est en pleine réflexion et pleine satisfaction. Un couteau suisse pour la saint Valentin, fallait y penser !

Sara est désormais silencieuse, fascinée, dubitative pourtant. Elle ne lui connaissait pas ce regard. Il ne l’a jamais regardé comme ça auparavant. Il y avait du mépris, elle en est certaine. Elle est habituée à leurs jeux de domination, chacun à tour de rôle jouant la soumission, elle sait la violence de ses yeux, la puissance de ses mains, la cruauté de ses mots. Mais ce regard là… Sa réflexion est interrompue par la sonnerie de son portable, elle décroche. Son visage se fige, sa main retombe sur ses genoux, elle ferme son portable sans rien dire.

« Qui c’était ? »

« C’était lui, il n’est pas mort ! »

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Renzo


"Quoi!Ce fumier n'est pas mort!"

"Ce fumier est quand même mon père"!

"Non Sara, ne me dis pas que tu as des regrets, pas toi!"

Elle le regarda fixement pendant quelques secondes. Elle prit ensuite son étui à rouge à lèvres et s'appliqua le stick nerveusement tout en regardant dans le rétroviseur de la Hotchkiss.

Sara éprouve tout à coup un sentiment qu'elle n'a jamais éprouvé. Elle prend conscience du monde qui l'entoure, de la réalité. Elle ressent ce sentiment de plein fouet, en plein visage.
Voilà près de 5 années qu'elle vit avec Sami. 5 ans qu'elle navigue entre amour fou, haine et sauvagerie des instincts. Jusqu'à ce jour......Jusqu'à ce jour où par un froid après midi de novembre, elle lui a dit oui.
Oui à un projet terrible, cauchemardesque, satanique...

Elle a dit oui au parricide par amour, par perversité, par dégôut d'elle même peut être. Elle a dit oui à cette forme ultime de sacrilège.
Oh oui! Il sait y faire le beau Sami. Le sami au regard troublant qui fait tourner la tête des filles.
A chaque fois, il remettait le sujet sur la table.

"Faisons le venir dans la villa des collines et tuons le"disait-il. Comme si il s'agissait de tuer un animal.
Il  rajoutait avec un plaisir carnassier :"On tue le vieux et à nous le fric, les voyages, les belles voitures et les beaux vêtements".
Pour lui, fracasser la tête d'un producteur d'Hollywood était un acte sanitaire. Pour lui, foutre le feu au père de Sara c'était à la fois vider un tiroir caisse et se débarasser d'un de ces types qui faisait danser les autres à coup de liasses de dollars.
Elle comprenait maintenant. Sami n'était pas Robin des bois. En voulant tuer Clyde McIntosh, son père, il assouvissait un vieux désir. Celui de se venger des riches, de ceux qui avaient ruiné ses parents et qui avaient laissé sa mère agonisante dans un hôpital miteux. Le zippo de son oncle lui avait servi d'aide mémoire, de souvenir ambulant,il devait être aussi l'instrument de sa vengeance.
Et cet argent qu'il pensait maintenant posséder, il voulait le jetter à la gueule du gotha d'Hollywood. Il voulait le jeter au visage de cette cour de réalisateurs hypocrites qui n'avaient voulu d'elle comme actrice que parce qu'elle était la fille du riche et puissant patron de la MCA.

Elle eut soudain envie de vomir. Elle demanda à Sami d'arrêter la voiture. Elle faiblit en descendant et se laissa tomber dans les hautes herbes du bas côté. Elle crut trouver dans la fraîcheur des feuilles un réconfort, elle resta prostrée un long moment la tête enfouie dans les genoux. Elle releva enfin la tête, Sami la regardait son couteau à la main.

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Pendant quelques secondes, elle a eu du mal à comprendre ce qui lui arrivait...Elle savait pertinemment que Sami avait ressenti ses doutes, et qu’il est capable de lui faire du mal, à elle aussi, si elle ne le suivait pas...Elle réalise qu’elle s’est rendue complice de l’assassinat de son père, et qu’elle ne pouvait plus faire marche arrière maintenant. Sami se tient toujours debout face à elle, le couteau dans la main, menaçant. Elle réfléchit un instant et puis, comme si elle avait finalement choisi son camp, elle se elève, fixe ses yeux brillants et lui dit d’un  ton sec:

-          Il faut que tu retournes finir ton travail. Il m’a appelé, il est donc encore vivant. Il ne faudra pas qu’il parle. Tu comprends? Il ne faut pas qu’il parle!

Il la regarde intensémment, rassuré par ses dernières paroles. Puis il l’attrape du bras, et sans dire un mot, la fait monter dans la voiture et fait demi-tour.  Elle reste silencieuse. Silencieuse mais seraine. Elle n’avait aucun sentiment de culpabilité. Des doutes, mais pas de la culpabilité. Elle n’a jamais été proche de ce père qui n’était pas présent pour elle, ce père qui ne pensait qu’à sa carrière, qu’à l’argent. Sami a comblé cette absence du père  depuis qu’elle l’a connu. Lui au moins, il lui parle, il se soucie d’elle et pense à elle. Elle n’est pas prête à retomber dans la solitude. Il faut qu’elle le soutienne. Il faut qu’elle assume son choix, pour une fois...

La route est longue. Sami choisit de contourner la route principale pour éviter de rencontrer les policiers qu’ils ont fuit. Il conduit les phares éteints. Tout était noir devant eux, seul le faible reflet de la lune éclairait leur chemin. Et puis soudain, il rompt le silence:

-          Appelles ta mère, demandes lui si ton père a essayé de la joindre, rassures-là et dis lui de n’appeler personne.

Elle exécute, sans dire un mot. Sa mère ne répond pas au téléphone. Elle retente le coup. Pas de réponse. Elle regarde Sami, toujours concentré sur la route. Mais comme à son habitude, il ne dit rien. Il réfléchit. Ca la rassure...

Ils sont arrivés. Sami arrête la voiture loin de la porte d’entrée. Il éteint le moteur. Grand silence. On n’entendait plus que le soufle du vent. Une partie de la maison fumait encore, mais le feu était éteint. Elle apercoit de loin une voiture garée devant la maison. Une autre voiture, pas celle de son père. Elle le signale à Sami, sans dire un mot, juste en pointant vers la voiture. Il prend son couteau, ouvre doucement la portière. Elle l’imite. Ils avancent prudemment vers la maison. En se raprochant, ils reconnaissent la voiture. C’est celle de sa mère...


A suivre...

Je passe la main à Troubadour