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L'image de la Tunisie s'est beaucoup détériorée depuis le dernier forcing "électoral" et la campagne de dénigrement et de répression des voix libres qui a suivi et qui se poursuit. Malgré une communication plus offensive répondant au coup par coup aux critiques et la multiplication des efforts de propagande, le pouvoir peine à rétablir son image d'avant, celle de garant de l'équilibre social et de la démocratisation progressive d'un pays paisible et ensoleillé... Cette mauvaise posture l'oblige à déployer davantage de moyens pour reconstruire son capital confiance, comme la récupération de toute mention positive et son amplification parfois à un point qui frise le ridicule...Deux exemples parmi d'autres de récupération et d'amplification maladroites marquent cette fin de semaine : l'ONU qui proclame 2010 année internationale de la jeunesse à l'initiative de la Tunisie, et la fille adoptive des Chirac qui salue le modèle tunisien et le cite en exemple de tolérance.
Alors que l'Assemblée Générale des Nations Unies n'a pas jugé utile de mentionner l'initiative tunisienne dans son seul et unique communiqué à ce sujet, la nouvelle a été intensivement relayée par les médias tunisiens donnant lieu à un concert de louanges et à des poussées de fierté pour saluer "un nouveau témoignage édifiant de la grande estime que voue la communauté internationale à la Tunisie et à son Président". Beaucoup de bruit pour une simple résolution adoptée sans vote par la bureaucratie onusienne et très peu relayée dans les médias internationaux...
Quant à la fille Chirac, quand son père affirmait en 2003 en Tunisie que "le premier des droits de l’Homme, c’est de manger, d’être soigné, de recevoir une éducation et d’avoir un habitat", elle a pour sa part eu la gentillesse de rajouter à la liste des droits "permis" aux tunisiens celui "de pratiquer la religion de son choix", tout en ignorant comme son père les autres droits et libertés qui sont systématiquement bafoués en ce moment en Tunisie. Qui sait, un jour viendra peut-être où les Chirac reconnaîtront aussi aux tunisiens leur droit à une société civilisée, juste et libre...
Ni les satisfécits de l'ONU ni les paroles d'une Chirac ne masqueront l'état de forte tension et la répression sévère que subit actuellement la société civile tunisienne. Cette quête de "bons points" pour se crédibiliser est d'autant plus ridicule que ce pouvoir qui se place comme modèle de tolérance et de dialogue avec la jeunesse aux yeux du monde continue d'envoyer en prison de jeunes étudiants syndicalistes et militants en Tunisie. C'est sur ses actes qu'un gouvernement est jugé et non par les paroles. Et ce sont ceux qui en parlent le plus, qui en font le moins...
Photo de Mohamed Soudani, étudiant syndicaliste emprisonné