Restant dans la pure tradition benna-liste, qui doit elle-même remonter à la vieille tradition d'allégeance beylicale, des personnalités tunisiennes "d'envergure" ont lancé un appel à l'officialisation de la présidence à vie.
Au delà du véritable poids de ces 1000 et quelques noms dans la société tunisienne, et de l'impact réel de telles manifestations de soutien sur l'opinion publique, ces nouvelles listes témoignent de deux faits inédits.
En premier lieu, la date de diffusion de ces nouveaux appels : un an environ après la réélection du président. Traditionnellement, ces messages de soutien précèdent les périodes électorales d'un ou deux ans maximum. Ces nouveaux appels sont alors bien précoces pour concerner les prochaines élections qui ne se déroulent qu'en 2014. Tout porte à croire qu'ils viennent en appui et en préparation d'un autre évènement qui surviendrait en mi-mandat : probablement une nouvelle piqure de botox pour rajeunir notre constitution...
Il y a ensuite la composition de cette liste de noms qui diffère des précédentes dans le poids des secteurs de la société tunisienne représentés. Dans l'appel des 1000, l'élite économique du pays, qui occupaient naguère des positions minoritaires, prend cette fois la tête de la liste et une place importante en termes de nombre de signataires. Le poids des élites intellectuelles (avocats et universitaires) reste néanmoins important dans la liste. Preuve s'il en faut de la maturité des nombreux réseaux de corruption et de clientélisme, proches du pouvoir, et qui contribuent à son maintien pour la sauvegarde de leurs propres rentes.
Ces appels sonnent en tous cas l'ouverture du bal "démocratique" tunisien qui va façonner la Tunisie de demain. Avec pour thème principal : l'art anticonstitutionnel de rester au pouvoir. A suivre...