03 avril 2008

Peine Capitale et Touristes autrichiens


Mon post vient en réaction à celui de Takkou : Quitte ou Double. Concernant la peine de mort telle qu'elle est pratiquée en Tunisie, les condamnations sont rares et les exécutions le sont encore plus. La dernière exécution de la peine de mort date de 1991, après l’attentat perpétré contre le bureau du RCD à Bab Souika. Les deux islamistes accusés de cet attentat furent exécutés. Bien avant l’initiative de ces 25 députés qui veulent définitivement abolir la peine capitale, des tentatives de sensibilisation de l’Etat et de l’opinion ont été conduites juste après le 07/11/1987 par des intellectuels et des juristes. Ils se sont heurtés essentiellement au refus de l’opinion. Et je pense que l’opinion n’a toujours pas évolué. Je connais peu de tunisiens qui seraient aujourd’hui prêts à renoncer à la non application de la peine capitale contre un violeur d’enfants, ou un « Saffah »…L’Etat, lui, se cache derrière cette opinion pour ne pas légiférer dessus.
Les autorités tunisiennes ont éclairci récemment leur position en annonçant que l'Etat tunisien "se considère comme abolitionniste de fait".

Le Ministre a en outre rappelé que son pays s’était engagé dans un processus abolitionniste de la peine de mort et a dénoncé l’idée selon laquelle la prise en compte de la durée de détention d’un condamné était une nouvelle sanction infligée à cette personne. Lorsqu’une personne est condamnée à mort, elle ne sera pas exécutée, a-t-il réaffirmé, citant l’engagement solennel pris par le Chef de l’État tunisien en 1991.

A partir de ce constat, je doute que l'initiative des 25 députés ait un écho plus grand, car l'affaire semble avoir déjà été tranchée par l'Etat lui-même. En gros, on maintient la peine de mort dans les textes pour sauvegarder tout le caractère symbolique et dissuasif d’une telle peine, mais on libéralise progressivement dans les faits, pour devenir à terme "abolitionniste de fait".

Ma deuxième remarque concernera l'affaire des touristes enlevés. Les revendications des terroristes ont bien évolué depuis deux semaines. Au départ, ils demandaient la libération de prisonniers en Tunisie et en Algérie, plus une rançon de 5 Millions d’euros. Aujourd'hui, tout laisse croire que les terroristes font tout pour rendre la libération des touristes difficile, voir impossible, malgré les efforts déployés par plein de pays dans ce sens (Autriche, Lybie, Mali, Algérie et Tunisie). Il y a eu l'échec de l'intermédiation libyenne, suivie juste après par des revendications complémentaires de la part des terroristes. Selon le magazine viennois Kurier , le GSPC/QJMI demanderait maintenant une augmentation de la rançon ; que l’armée fédérale autrichienne retire ses quatre soldats déployés en Afghanistan ; la libération de Mohamed Mahmoud (22 ans, d’origine égyptienne) et son épouse Mona (21 ans, Autrichienne) condamné réciproquement à 4 ans et 22 mois de prison pour avoir diffusé en mars 2007 une vidéo d’Al-Qaeda menaçant l'Allemagne et l'Autriche d'attentats s'ils ne retiraient pas leurs troupes… d'Afghanistan.

Je doute fort que ces nouvelles revendications aboutissent... En fin de compte, les terroristes ne cherchent-ils pas à obtenir autre chose que de l'argent et la libération de leurs confrères?

3 commentaires:

Takkou a dit…

CD: Pour la premiere partie de l'article, mon propos n'etait pas de montrer qui est qui et qui fait quoi. Toute la subtilité se trouve justement dans la dimension hautement politique que les media locaux ont voulu donner à l'affaire et ce independament de l'intention des initiateurs de ce projet de loi et de ce que pense l'elite et la masse. Il ne s'agissait pas de mettre en exergue l'idendite ou la pensee des auteurs de l'initiative ou de provoquer un debat. Au contraire, les journaux en abordant ce sujet avait comme seul objectif celui de rappeler à l'opinion publique etrangere, plus que la locale, que le regime est "abolitioniste" par convction (et là je crois qu'on se rejoint).
Pour ce qui est de la deuxieme partie, c'est le flou total dans l'action de toutes les parties impliquees qui regne. Les revendications des ravisseurs changent continuellement sans qu'il y ait une base claire. Si par malheur, ils executent les deux touristes il ne faut pas s'étonner de voir que les représailles soient de la meme violence tragique de la part des autres parties. Ceci s'applique de meme aux tunisiens meme si ces derniers font comme si l'affaire ne les concerne pas.

Selim a dit…

@takkou: Les médias, en agissant de la sorte, ont rempli leur partie du contrat: celle d'empêcher l'instauration du débat et couper court en essayant de démontrer que l'affaire est tranchée, le débat n'a pas à avoir lieu puisque la Tunisie est désormais abolitionniste de fait. Tu as eu raison de le souligner.
Concernant l'affaire des touristes enlevés, si par malheur les touristes sont exécutés et que la répercussion sur la saison touristique de la Tunisie soit dure, la Tunisie se sentira enfin, mais trop tard, concernée.

Anonyme a dit…

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