L'affaire de la video scandale de Farhat Rajhi prend une tournure grave et dangereuse. En quelques heures, le pays qui se trouvait déjà dans une situation précaire liée aux difficultés de la phase de transition, sombre de nouveau dans la violence. Un mort, des journalistes agressés, des manifestants arrêtés...nous assistons depuis hier à un triste spectacle digne des pires heures de la dictature Ben Ali.
Si la déterioration rapide de la situation prouve une nouvelle fois l'extrême fragilité d'un pays en convalescence, ces évènements témoignent surtout de l'irresponsabilité de ceux qui en sont à l'origine : un juge et ex-ministre qui lance de graves accusations devant une caméra sans avoir le courage de les assumer ensuite et qui croit vraiment pouvoir accéder au pouvoir grâce à Facebook; des apprentis journalistes qui diffusent des vidéos sans vérifier leur contenu, sans en mesurer les conséquences, et probablement pour servir quelques intérêts obscures; et ceux qui sont censés diriger momentanémment ce pays et dont le silence est insupportable face à la montée de la violence.
Les plates excuses du ministère de l'intérieur n'ont fait que renforcer l'impression de son incapacité - ou bien son absence de volonté? - à contrôler d'une part la brutalité d'une police encagoulée et qui agit toujours de façon arbitraire et en toute impunité, et d'autre part les jeunes casseurs qui pillent et saccagent tout sur leur passage, profitant de ces moments d'instabilité pour renforcer l'impression de chaos.
Tout porte à croire que la diffusion de ces vidéos et leurs conséquences relève d'une opération réfléchie et
plutôt bien préparée par une ou plusieurs parties qui n'avaient pas intérêt à laisser les urnes redéfinir la répartition du pouvoir en Tunisie. Plus que les hypothèses avancées par M. Rajhi qui circulaient déjà sur le net et dans les cafés bien avant qu'il ne les divulgue, c'est le modus operandi du scandale qui est interpellant.
Ces paroles sont sorties de la bouche d'un homme qui jouissait d'un fort capital sympathie et sur lequel peu de doute pesait; ont surpris tout le monde la nuit où elles ont été massivement diffusées sur le réseau social qui rassemble pratiquement tous les tunisiens connectés; et à un moment où la campagne politique en vue des élections du 24 Juillet commençait à faire rage et où les négociations du gouvernement de transition avec la haute instance aboutissaient sur la question de l'exclusion des ex-responsables du RCD...
A un moment aussi où l'armée, qui a su rétablir l'ordre après le 14 janvier, est fortement déployée à la frontière avec la Lybie, et juste quelques jours après l'évasion mystérieuse mais apparemment coordonnée de quelques centaines de détenus dans plusieurs villes du pays, comme c'était le cas les jours précédant la fuite de Ben Ali.
Chacun y va de sa théorie pour désigner les coupables : certains disent que c'est le fait d'Ennahdha qui avait besoin de détourner pendant un moment les regards inquisiteurs sur son parti, d'autres pensent que ce sont les "RCDistes" et leurs mercenaires qui se vengent...Ce qui est sûr, c'est que la contre-révolution est bien en marche et qu'elle met en danger la prochaine élection et l'avenir du pays...
Affichage des articles dont le libellé est Facebook. Afficher tous les articles
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07 mai 2011
05 juillet 2009
La censure de retour sur Facebook

Les censeurs du net semblent suivre minutieusement la formule du "plutôt prévenir que guérir" pour contrôler la toile.
Alors que le groupe Facebook "Free From 404: pour le retour de Youtube et de Dailymotion" gagnait en popularité très rapidement ces derniers jours,- en approchant les 4000 membres depuis le 1er Juillet-, la censure a procédé aujourd'hui à une "coupe " dans les membres du groupe, en réduisant la communauté à seulement 400 membres. Difficile de saisir comment ils ont procédé, mais beaucoup de membres du groupe se sont apperçus aujourd'hui qu'ils n'y appartenaient plus! Il est clair qu'on a voulu nuire à la popularité de la compagne, et la stopper dans son impulsion.
Mais les conséquences de la manoeuvre ne peuvent être que positives. La réaction de la censure renforce la crédibilité du projet, permettant à chaque membre du groupe de vivre concrètement un cas de censure. Le nombre de membres est déjà remonté à plus de 1400 en quelques heures. Celà donne aussi du grain à moudre pour les défenseurs de la cause, ce qui lui permet de durer.
Pour rejoindre le groupe, ici.
Photo de Khmaies
09 mars 2009
Facebook & Services Secrets...

La presse gouvernementale a décidemment déclaré la guerre à Facebook. Sa technique : la diabolisation du site. On a déjà eu droit à certains articles dont le but était d’alerter les utilisateurs des « dangers » de Facebook. Aujourd’hui, ils en rajoutent une bonne couche en prétendant que le site serait nuisible à la sécurité et à la souveraineté nationale, justifiant au passage sa censure par certains gouvernements :
"Ces communautés sur le web seraient devenues les terrains de chasse de grands services secrets qui s’en servent pour essayer d’infiltrer certains pays, dits «chauds». C’est pourquoi des gouvernements n’ont pas hésité à interdire Facebook"
Voilà. Vous êtes prévenus maintenant, la CIA vous surveille…
01 septembre 2008
Magique...
Parce que ce genre d'articles ne peut pas passer inaperçu, tant il est rare que les journalistes tunisiens osent écrire sans langue de bois, je voudrais juste signaler cet article paru aujourd'hui dans le quotidien LeTemps, où le journaliste (qui au passage manie assez bien le language de la blogosphère en reprenant le terme "Ammar404") déplore la censure de Facebook. Aujourd'hui, j'ai eu l'impression de lire un "vrai" journal tunisien...
Fallait-il juste qu'on censure un site populaire pour que les langues se délient? Car il y a tellement d'autres situations beaucoup plus grave que la censure de Facebook et qui se passent quotidiennement en Tunisie, mais qui ne font pourtant pas bouger un poil des rédacteurs...A titre d'exemple: l'emprisonnement de quelques centaines d'éléments perturbateurs...Facebook est décidemment un site magique...
Quoi qu'il en soit, je vous souhaite un bon mois de Ramadan!
Fallait-il juste qu'on censure un site populaire pour que les langues se délient? Car il y a tellement d'autres situations beaucoup plus grave que la censure de Facebook et qui se passent quotidiennement en Tunisie, mais qui ne font pourtant pas bouger un poil des rédacteurs...A titre d'exemple: l'emprisonnement de quelques centaines d'éléments perturbateurs...Facebook est décidemment un site magique...
Quoi qu'il en soit, je vous souhaite un bon mois de Ramadan!
رمضانكم مبروك و كل عام وانتوما حيين بخير
26 août 2008
Censure

Un tsunami de censure s’est abattu sur la toile tunisienne ces derniers temps. Les blogs, qui sont les derniers espaces où la liberté d’expression s’exerce encore en Tunisie, ont été particulièrement touchés : Pour Gafsa, Samsoum, Mochagheb, Radyoun, Mohammed Ali, Anti-censure, Annaqued ont été visés par les ciseaux du censeur...
Jamais le rythme de la censure n'a été aussi soutenu, et l'acharnement du censeur à rendre innaccessible depuis la Tunisie tout site "perturbateur" démontre deux choses: que la blogosphère et les autres sites liés sont étroitement surveillés, et que les moyens déployés pour cette surveillance sont considérables. J'imagine d'ici les cyber-surveillants, ou cyber-policiers, entrain de scruter le web et de taper leurs rapports quotidiens à leurs supérieurs...
Mais la censure a franchi un pas nouveau: elle s'est attaquée à Facebook, un des sites préférés et les plus utilisés des tunisiens (plus de 28 000 utilisateurs tunisiens). La popularité du site a fait que la réaction face à son inaccessibilité s'est vite ressentie: à côté des nombreux posts des blogueurs, quelques sites d'information tunisiens ont réagi, timidement certes, à cette nouvelle censure: Africanmanager se demande naïvement à quoi est dû ce problème technique (doux euphémisme...); tandis que Business News rappelle au censeur que bloquer Facebook revient à bloquer des voix "amies"...
Ce qui est surprenant, c'est le nombre considérable de personnes dans mon entourage qui viennent de réaliser que la censure est bien effective en Tunisie! Auparavent, un blog censuré passait presque innaperçu, et seuls les rares personnes averties se rendaient compte de la censure. Avec le banissement de Facebook, tout le monde ou presque vit et ressens cette privation, et se sent du coup lésé dans son droit à discuter avec ses amis ou diffuser ses photos...Certaines personnes qui ont appelé leur FAI pour avoir des expilcations ont eu la réponse suivante: "le site est fermé car il renferme les activités de groupes intégristes"...Seulement, ces mêmes personnes ne concoivent pas qu'on prive une majorité "saine" de l'utilisation de ce site à cause d'une minorité perturbatrice...D'où le sentiment de punition collective ressenti par les utilisateurs de Facebook, tout comme ce fut le cas pour Youtube et Dailymotion, par ailleurs toujours censurés depuis la Tunisie...
Mais ce qui surprends le plus, c'est l'inutilité de cette censure. Comment peut-on bloquer Internet, une technologie si rapide et qui jouie d'une capacité de regeneressence inégalable? A quoi sert la censure, quand on peut facilement la détourner grâce aux proxys, et aux innombrables portes d'accès aux sites prohibés? L'utilité de cette censure ne réside pas dans le simple blocage de ces sites, mais dans les effets indirects qu'elle produit: peur et lassitude de l'internaute, auto-censure des bloggueurs, etc...
Ces derniers temps, on a beaucoup parlé de la Chine, de ses J.O., et de la vigueur de la censure de la toile chinoise. Aujourd'hui, je ne vois personnellement aucune différence entre le censeur tunisien et le censeur chinois, du moins en terme d'intensité de la surveillance et de la censure. Tout comme en Chine, la toile tunisienne est entrain de devenir superficielle, biaisée, et ne représentant pas la diversité des opinions et des courants qui caractérisent la société tunisienne.
Entre temps, le peuple tunisien demeure un peuple d'assistés, de gens à ordonner, incapables de discerner le bien du mal, et à qui on doit indiquer ce qu'on doit lire, dire et faire...
Pour en savoir plus sur la censure en Tunisie, ici.
Jamais le rythme de la censure n'a été aussi soutenu, et l'acharnement du censeur à rendre innaccessible depuis la Tunisie tout site "perturbateur" démontre deux choses: que la blogosphère et les autres sites liés sont étroitement surveillés, et que les moyens déployés pour cette surveillance sont considérables. J'imagine d'ici les cyber-surveillants, ou cyber-policiers, entrain de scruter le web et de taper leurs rapports quotidiens à leurs supérieurs...
Mais la censure a franchi un pas nouveau: elle s'est attaquée à Facebook, un des sites préférés et les plus utilisés des tunisiens (plus de 28 000 utilisateurs tunisiens). La popularité du site a fait que la réaction face à son inaccessibilité s'est vite ressentie: à côté des nombreux posts des blogueurs, quelques sites d'information tunisiens ont réagi, timidement certes, à cette nouvelle censure: Africanmanager se demande naïvement à quoi est dû ce problème technique (doux euphémisme...); tandis que Business News rappelle au censeur que bloquer Facebook revient à bloquer des voix "amies"...
Ce qui est surprenant, c'est le nombre considérable de personnes dans mon entourage qui viennent de réaliser que la censure est bien effective en Tunisie! Auparavent, un blog censuré passait presque innaperçu, et seuls les rares personnes averties se rendaient compte de la censure. Avec le banissement de Facebook, tout le monde ou presque vit et ressens cette privation, et se sent du coup lésé dans son droit à discuter avec ses amis ou diffuser ses photos...Certaines personnes qui ont appelé leur FAI pour avoir des expilcations ont eu la réponse suivante: "le site est fermé car il renferme les activités de groupes intégristes"...Seulement, ces mêmes personnes ne concoivent pas qu'on prive une majorité "saine" de l'utilisation de ce site à cause d'une minorité perturbatrice...D'où le sentiment de punition collective ressenti par les utilisateurs de Facebook, tout comme ce fut le cas pour Youtube et Dailymotion, par ailleurs toujours censurés depuis la Tunisie...
Mais ce qui surprends le plus, c'est l'inutilité de cette censure. Comment peut-on bloquer Internet, une technologie si rapide et qui jouie d'une capacité de regeneressence inégalable? A quoi sert la censure, quand on peut facilement la détourner grâce aux proxys, et aux innombrables portes d'accès aux sites prohibés? L'utilité de cette censure ne réside pas dans le simple blocage de ces sites, mais dans les effets indirects qu'elle produit: peur et lassitude de l'internaute, auto-censure des bloggueurs, etc...
Ces derniers temps, on a beaucoup parlé de la Chine, de ses J.O., et de la vigueur de la censure de la toile chinoise. Aujourd'hui, je ne vois personnellement aucune différence entre le censeur tunisien et le censeur chinois, du moins en terme d'intensité de la surveillance et de la censure. Tout comme en Chine, la toile tunisienne est entrain de devenir superficielle, biaisée, et ne représentant pas la diversité des opinions et des courants qui caractérisent la société tunisienne.
Entre temps, le peuple tunisien demeure un peuple d'assistés, de gens à ordonner, incapables de discerner le bien du mal, et à qui on doit indiquer ce qu'on doit lire, dire et faire...
Pour en savoir plus sur la censure en Tunisie, ici.
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