13 juin 2008

Journalistes borderline


Depuis qu’ils ont eu le feu vert pour parler de la crise de Redeyef, les journalistes tunisiens se retrouvent confrontés à nouveau au dilemme de la ligne rouge à ne pas dépasser pour pouvoir publier leurs articles sans être censurés par leurs rédactions respectives.

Il y a ceux qui ont décidé de ne pas réfléchir, et de persévérer dans leur rôle de propagandistes à deux sous (Boudourou en langage blogosphérique…). Et il y en a d’autres qui se hasardent à des jeux d’équilibrisme en débordant par moment en dehors du cadre officiel et autorisé…

Quoi de meilleur que l’article de Raouf Khalsi, journaliste du Temps tunisien, paru hier dans l’édition du quotidien, pour illustrer cette schizophrénie journalistique ! Cet article m’a frappé par son caractère hybride, j’ai même eu l’impression qu’il était le résultat de la combinaison deux articles distincts : on dirait que le journaliste a commencé par écrire un article sans langue de bois, pour ensuite y insérer quelques phrases qu’on croirait sorties d’un article de Mouldi M’barek, comme pour satisfaire tout le monde : d’un côté sa rédaction dans son rôle de surveillant général ; et de l’autre les lecteurs, qui ne sont certainement pas dupes…Le résultat est une sorte d’Article Génétiquement Modifié (A.G.M.). J’ai mis en rouge ce que j’ai jugé comme langage Mouldi'ien (ou Bsseiessien, comme vous le préférez…)

Redeyef : tous concernés


La Tunisie est une et indivisible. C’est un pays qui a toujours lutté contre les disparités régionales. Toute une philosophie de la solidarité effective implique fortement les structures de l’Etat, les institutions, autant que la société civile tout entière dans ce qu’elle a de plus solide; le tissu associatif et le social dans son acceptation la plus large.

Notre pays n’échappe pas aux effets dévastateurs d’une conjoncture internationale difficile. Les jeunes Tunisiens sont en butte au chômage car, même s’il y a une demande d’Etat pressante de par le monde, l’Etat-Providence n’a plus les réponses providentielles de jadis. Il n’empêche : les équilibres macro-économiques résistent encore; la Caisse de Compensation arrondit les angles et la facture sociale se maintient à des taux tolérables. Par les temps qui courent, c’est une prouesse.

Mais en Tunisiens fiers d’être les dépositaires d’une histoire trois fois millénaire; fiers d’appartenir à un pays où se pratiquent toutes les formes de tolérance, nous nous sentons agressés lorsque des chaînes satellitaires montrent des images d’affrontements entre jeunes et forces de l’ordre à Redeyef et que, nous, de l’intérieur nous nous limitions à laisser la rumeur s’amplifier dangereusement, comme si Redeyef était coupée de la Tunisie.

Ce qui se passe autour du bassin minier, dans une région, ayant été de tous les combats pour l’indépendance du pays, ne peut nous laisser indifférents. Il ne devrait pas exister de Tunisiens exclus de la croissance. Et l’administration gagnerait à revoir ses critères d’attribution des chances pour tous, sur un pied d’égalité.

Il s’agit en fait de créer de l’emploi pour les jeunes. C’est une exigence nationale, la priorité absolue du Chef de l’Etat, et elle n’est pas endémique à la seule région de Redeyef. Mais lorsqu’on en arrive aux affrontements, lorsque des jeunes égarés fabriquent des cocktails molotov, cela veut dire que, quelque part, on a opté pour le pire. Que quelque part les forces tentaculaires de l’embrigadement, de la récupération, de l’instrumentalisation inévitablement religieuse sont prêtes à bondir sur ces âmes égarées. Sans doute l’ordre public a-t-il lui-même ses contraintes impérieuses. Il a pour mission de contrer la violence et d’endiguer les dérives.

Mais ce n’est pas un problème entre jeunes de Redeyef et forces de l’ordre. C’est toute la société civile, ce sont finalement tous les Tunisiens qui demandent à comprendre, à être impliqués dans un retour à la normale, mais avec des réponses concrètes aux doléances de ces jeunes et des mesures énergiques contre toute velléité d’instrumentalisation de ces actes.

Car une dérive ce n’est toujours que quelque chose de passionnel. C’est une traînée de poudre. Et la Tunisie, havre de paix, a toujours manifesté cette promptitude à sceller l’unité nationale.

Parlons-en néanmoins... sans détours. En toute franchise. Sans tabous.

Le Temps.



Post publié aussi ici.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

ce type est un menteur patenté.
son probleme( ou celui de ses mentors)est que des chaines satellitaires ou "la rumeur"( il pense aux blogs)parle de redeyef.
il ment quand il parle de violence car tout le monde sait qui est l'agresseur et qui est l'agressé.
mouldi m'barek/bsaiess/sghaier/khalsi meme combat: mentir

Anonyme a dit…

يا أحلام إعيشك، خليه يقدّم خطيوة، وراهو كيف ما يقولو، لكي تطاع اطلب ما يستطاع ، و خاصة من النوع هذا

Anonyme a dit…

L’équation sur laquelle ce type bâti son raisonnement doit nous inciter à réflexion car il n’est pas le seul à réfléchir de cette façon « Lorsqu’on en arrive a…cela veut dire que » c’est ainsi qu’ils parvienne à échapper au dilemme que la réalité les oblige à confronter et d’accusé il prennent ainsi la posture d’accusateur et justicier et tous les crimes deviennent légitimes et bien justifiés.
Et avec une telle logique ils peuvent aller encore plus loin.

Une question hors sujet « que veut dire Carpe diem ? »

Selim a dit…

@Anonyme: Carpe diem (quam minimum credula postero) est une locution latine extraite d'un poème de Horace qui veut dire: profiter du moment présent et en tirer tous les bénéfices.

Amira Yaakoubi a dit…

dészolée, c'est hors sujet mais je tenais à vous informer que la chaine dont je parlais est arcoirisTV sur le hotbird, chaque jour de 20h à 21h;
il s'agit de nachrat anna9abi al manjami;
bonne vision;

Eros a dit…

Pauvres "journalistes"...
Quand on donne des plumes a des illitrés comme ces gens là on obtient toujours de tels articles...
des "journalistes" qui ne plaident que pour le faux...
quelle tristesse...